Potentiel écologique des mangroves de Martinique - Caractérisation morphologique et biologique de la frange littorale

La mangrove, autrefois considérée comme un milieu hostile et insalubre, a bénéficié d’une prise de conscience de son intérêt ces dernières décennies et fait désormais l’objet d’une attention particulière.

La population au sens large a compris l’intérêt de protéger la mangrove, et notamment son rôle de nurserie pour les poissons. Les décideurs et techniciens souhaitent prendre en compte les enjeux liés aux milieux littoraux, mieux comprendre leurs fonctionnements et disposer d’outils d’aide à la décision pour l’aménagement du territoire.

On constate en effet une méconnaissance du fonctionnement de cet hydrosystème particulier de la part de l’ensemble des acteurs qui conduit souvent à l’effet inverse de celui voulu ; par  exemple, des mauvaises techniques de curage des rivières, ou de mauvaises conceptions des aménagements hydrauliques en amont, réduisent ou suppriment l’irrigation des mangroves par les eaux pluviales.

Les herbiers et communautés coralliennes font l’objet d’études et de suivis dans le cadre de l’IFRECOR (Initiative FRançaise pour les REcifs CORalliens) et de la DCE (Directive Cadre européenne sur l’Eau), ainsi que d’inventaires ZNIEFF marines (Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique.

La DIREN de Martinique souhaite étendre l’inventaire des ZNIEFF mer en y intégrant les mangroves de Martinique.

Une cartographies des mangroves à l’échelle de la Martinique existe : celle réalisée par le PNRM dans le cadre de l’inventaire des Zones Humides. Mais l’hydrosystème des mangroves n’y fait pas l’objet d’une typologie différenciée, l’effort ayant porté sur la végétation ou sur les fonds littoraux au-delà de la mangrove. Les caractérisations et cartographies de mangrove sont pour la plupart orientées sur la végétation et l’avifaune, et ne prennent en compte que très ponctuellement les biocénoses aquatiques.

Or les mangroves, à l’interface entre la terre et la mer, exercent des fonctions primordiales dans le fonctionnement des écosystèmes aquatiques littoraux et même des rivières, la majorité des espèces dulçaquicoles de Martinique passant un moment de leur cycle dans la mangrove.

Les mangroves de Martinique sont implantées dans des biotopes très différents, l’île présentant une côte très découpée de pointes et de baies plus ou moins fermées et protégées par des récifs barrières ou frangeants. Le contexte bioclimatique est lui aussi très variable entre le Nord et le Sud, entre la côte au vent et la côte sous le vent, ce qui influe directement sur les conditions de salinité, d’apports terrigènes et de renouvellement des eaux marines. Ces différentes conditions physiques ont permis le développement de différents peuplements de palétuviers qui offrent des habitats variés pour la faune et la flore. Différents types de mangroves offrant des fonctionnalités et des potentiels écologiques variés pour les écosystèmes aquatiques peuvent ainsi être définis.