Etude de faisabilité de l'évaluation in situ des stocks de lambi (Strombus gigas, L.) en Martinique

Rapport de synthèse

Le lambi (Strombus gigas, L.), mollusque gastéropode de la famille des Strombidae, est une espèce patrimoniale de la Caraïbe, à forte valeur économique et culturelle. Exploité comme source de nourriture depuis des centaines d'années, d'importantes pêcheries commerciales se sont développées dans la plus grande partie de son aire de répartition (Siddall 1984). Cette espèce est actuellement la plus exploitée dans la zone après la langouste. Victime d’une surpêche, et d’une dégradation de ses habitats, ses populations sont en forte régression en de nombreux secteurs.
La raréfaction de l'espèce constatée sur l'ensemble de son aire de répartition a entraîné dès 1992, l’inscription de l’espèce à l’annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (dite CITES ou Convention de Washington). L'Annexe II est, entre autres, la liste des espèces qui, bien que n'étant pas nécessairement actuellement menacées d'extinction, pourraient le devenir si le commerce de leurs spécimens n'était pas étroitement contrôlé.
Ces dernières décennies, la forte pression de pêche a entrainé le déclin des populations et l’effondrement des stocks en de nombreux secteurs, avec pour conséquence la fermeture totale ou temporaire de la pêche dans plusieurs pays ou territoires dépendants : Antilles néerlandaises, Bermudes (R.-U.), Colombie, Cuba, Floride (USA), Iles Vierges américaines (USA), Mexique et Venezuela.
Toutefois, peu de travaux ont porté sur cette espèce en Martinique. Lors de la mission Corantilles II, la très faible abondance des lambis en Martinique et la dominance des juvéniles immatures dans les captures et sur les fonds est notée (Laborel 1984).
La dernière estimation des stocks locaux (Rathier 1993) est basée sur des enquêtes de pêches menées entre 1986 et 1987 ; la production de lambi par la pêche professionnelle est alors évaluée à 20,6 tonnes. Ces travaux confirment l'hypothèse d’une surexploitation du stock de lambis martiniquais ; la diminution de la production, des rendements et l'abaissement de la taille de première capture depuis une trentaine d'années révélaient que le stock était déjà surexploité (Rathier 1993). Toutefois, le niveau de surexploitation n’a pu être précisé en raison de l'existence d'adultes pavillonnés encore peu exploités sur les fonds de plus de 20 mètres.
Pour l'année 2007-2008, les débarquements de lambis ont été estimés à 8,2 tonnes.
De plus, les services des douanes martiniquais saisissent régulièrement de la chair de lambi en provenance de Sainte-Lucie (70kg en 2008, 713,68 kg en 2009). En effet, la Martinique est considérée comme l'un des plus gros consommateurs de chair de lambi de la région ; la demande locale est plusieurs fois supérieure au volume des captures. Du fait de l'épuisement des stocks locaux, la plus grande partie des quantités de lambis consommées en Martinique est importée d'autres pays de la région (CITES 2003).
La réglementation de la pêche en Martinique (arrêté préfectoral n°99.4296 du 29/12/1999) limite pour tous la taille des individus capturés (poids de chair supérieur à 250 grammes, pavillon de coquille bien formé) et le nombre de capture autorisé pour les plaisanciers est limité à 3 individus par personne et par jour. La pêche professionnelle n’est soumise ni à une limitation de quantité ni à une saisonnalité de l’activité.
Dans ce contexte, la DEAL Martinique a souhaité engager une étude afin de contribuer à déterminer l’état des stocks actuels et de proposer si nécessaire, de nouvelles mesures de gestion des pêcheries.
Ces premiers travaux, portent exclusivement sur l’herbier du Vauclin et ont un double objectif :

• quantifier les stocks sur quatre sites présélectionnés et tester un moyen de comptage vidéo ,

• proposer une méthodologie pour évaluer le stock de lambi global en Martinique.