Mer et littoral : Evaluation de l’impact du cyclone DEAN (Août 2007) sur les communautés benthiques et de poissons du site Jardin Tropical en Martinique

Les récifs coralliens sont régulièrement exposés à des perturbations d’origines naturelles et anthropiques (Hugues et al., 2003), comme les cyclones, la surpêche, les pollutions (Zann, 1994 ; Wilby et al., 1997) et les dérèglements liés aux effets du changement climatique (Knowlton, 2001 ; Bellwood et al. 2004). Les perturbations naturelles majeures sont représentées essentiellement par les cyclones (Rogers 1993; Harmelin-Vivien 1994) et les évènements de blanchissements coralliens (Gleason 1993; Hoegh-Guldberg 1999; Wilkinson et al., 1999, 2005), dont les conséquences à court terme sont très importantes en terme de dégradations. Les perturbations cycloniques sont fréquentes et peuvent avoir un impact significatif sur la dynamique des communautés des récifs coralliens caribéens (Adams et Ebersole, 2004). Les espèces de Scléractiniaires (coraux durs) sont particulièrement sensibles aux cassures, fractures et renversements des colonies. La destruction de ces massifs crée de nouveaux espaces favorables au développement du turf ou des macroalgues (Littler et Littler, 1999 ; Lapointe, 1997 ; Hugues, 1994). Les dégâts physiques sur les récifs ont tendance à aplanir l’habitat, notamment celui des poissons, entraînant des variations de structure de peuplements (Woodley et al., 1981; Edmunds et Witman, 1991; Hubbard et al., 1991; Bythell et al., 1993; Blair et al., 1994). En effet, bien que certaines espèces de poissons puissent être redistribuées en fonction des changements d’habitats associés au cyclone, d’autres peuvent être résilientes au cyclone (Walsh, 1983; Fenner 1991; Bouchon et al., 1994). Dans les Caraïbes, la couverture corallienne des récifs a diminué d’environ 80% au cours des trois dernières décennies (Gardner et al., 2003, Wilkinson, 2008) et l’abondance de certaines espèces coralliennes a diminué fortement dans la région (Precht et al., 2002). Le nombre de cyclones est relativement stable depuis plusieurs années mais les effets du changement climatique global semble avoir augmenté leur force et leur intensité (Walsh et Ryan, 2000 ; Webster et al., 2005). Ces perturbations naturelles longtemps considérées comme déterminantes pour la structure et la fonction des écosystèmes récifaux (Harmelin- Vivien, 1994), sont difficilement prévisibles, notamment du point de vue de leur impact sur les communautés récifales. La Martinique est l’une des îles les moins touchées de la région Caraïbe avec en moyenne un cyclone tous les 15 ans. En 2007, l’île a été sévèrement frappée par le cyclone Dean dans la nuit du 16 au 17 août 2007. Le cyclone a eu un impact significatif sur les récifs du sud de l’île principalement en raison de la forte houle sud/sud-est générée dans le canal de Sainte Lucie. L’objet de ce rapport est de donner des éléments d’évaluation des dégâts occasionnés par le passage du cyclone sur le site Jardin Tropical (site du suivi annuel IFRECOR), au sud de la Martinique, sur les communautés récifales benthiques et les peuplements ichtyologiques.