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Phase2_Diagnostic_potentialites_piscicoles
La Martinique est une île de 1128 km² comptant 149 rivières, dont 70 possèdent des écoulements superficiels permanents. La partie centrale nord et sud de l’île présente un relief marqué, donnant des cours d’eau globalement caractérisés par un écoulement rapide. Ces cours d’eau sont peuplés par 13 espèces de macro-crustacés et 21 espèces de poissons. Toutes les espèces naturellement présentes sur l’île ont un cycle de vie diadrome, c’est-à-dire qu’elles vont rejoindre le milieu marin ou estuarien à un moment de leur vie.
La pêche en rivière est une activité répandue depuis longtemps sur l’île. Avant les années 50, elle était largement pratiquée et constituait un revenu pour certaines familles. Avec l’apparition de la
bilharziose les rivières ont été délaissées et aujourd’hui la pêche a repris sa place mais reste essentiellement un loisir. La Fédération Départementale de Pêche a vu le jour en 1999 en réponse à un besoin d’organiser la gestion et la défense des milieux aquatiques exprimé par les usagers pêcheurs. La Fédération regroupe actuellement quatre associations de pêche dédiées aux pêcheurs des rivières du Sud, du Nord Caraïbe, du Nord Atlantique et du Centre Nord.
L’espèce de macro-crustacé la plus recherchée par les pêcheurs est le Z’habitant, au nom scientifique de Macrobrachium carcinus. Il est pêché grâce à diverses méthodes, mais la plus répandue reste la pêche de nuit au manioc et à l’invention. Traditionnellement il était surtout pêché pendant les jours saints (carême) pour être consommé à pâques. Chez les poissons, c’est le Titiri, ensemble des alevins de Colle-roche (Sicydium spp.) et parfois d’autres espèces de poissons et crustacés, qui est le plus prisé. Il se pêche au niveau des embouchures lors de la remontée des alevins en rivière.
D’une manière générale, les connaissances sur la dynamique des populations (croissance, reproduction, distribution spatiale…) des espèces de l’île restent insuffisantes. Néanmoins, plusieurs études approfondies ont été réalisées sur l’île de Basse-Terre en Guadeloupe (travaux de l’INRA et du Parc National associé à la DIREN notamment), une étude poussée a été menée en Martinique dans le cadre de la réalisation de l’Atlas des poissons et crustacés d’eau douce, et plusieurs études à Porto Rico ont porté sur la migration des larves et l’impact des obstacles à la migration.
L’état des lieux de l’environnement piscicole comporte une partie techique consistant en la réalisation d’inventaires piscicoles visant à obtenir des données supplémentaires sur les espèces présentes dans les cours d’eau de l’île. L’ensemble des résultats présentés dans la suite de ce rapport vise à éclaircir les points nécessaires à l’élaboration de plans de gestion et à la mise en place d’une réglementation vis-à-vis des espèces nécessitant une protection.